De Lisbeth Berger, coordinatrice national du Jour de la Terre En cette fin de siècle, les gestionnaires des pays du nord maîtrisent les flux liés à la production et à la consommation, avec d'étranges options: l'énergie nucléaire, l'incinération, les autoroutes, les cultures transgéniques. Le prix de cette gestion
est lourd à payer tant pour les êtres vivants que pour la Terre. Les déchets
nucléaires sont là pour des milliards d'années. L'incinérateur pour fonctionner a
besoin de "méga" tonnages de déchets. L'utilisation fébrile des transports
routiers produit une pollution de l'air de plus en plus grave pour la santé. Avec les
Organismes Génétiquement Manipulés (OGM), l'agriculteur et le consommateur sont
ligotés par la mainmise des firmes. L'un est obligé d'acheter chaque année sa semence,
l'autre n'a aucune lisibilité sur la traçabilité du produit. La gestion des effets sans la réduction à la source de la consommation, sans la réduction des pollutions liées à nos activités humaines est un vain mot. Produire, quelqu'en soit les conséquences, est devenu le but des nations riches, au risque de ne pas respecter le contrat entre les citoyens et les gouvernements:le nuage de Tchernobyl ( s'arrêtant aux frontières), le sang contaminé, la vache folle, l'amiante, la pollution de l'air... Au principe de précaution se substitue encore le principe de rentabilité immédiate. Peut-on encore parler de démocratie, de développement durable pour tous, si les choix productifs et économiques ne sont ni planétaires ni écologiques, si de nombreux acteurs ne participent ni à la grande foire de la consommation ni aux choix de production ? L'illusion est donnée au
citoyen qu'il peut consommer à l'infini sans se poser de questions sur ses
responsabilités, ses priorités et ses investissements, que tout est sous contrôle. La
multiplicité des objets et des besoins sert-elle d'alibi aux techniciens gestionnaires ?
Peu de débats sont axés sur les valeurs produites. Or ces solutions fonctionnelles orientent totalement notre devenir et celui des générations futures. Elles véhiculent du mythe, le mythe de la gestion parfaite : du maintien de l'équilibre (entre la production et la consommation), du propre (avec le nucléaire ou la javel), de la rigueur (avec les forêts et leurs parcelles d'arbres bien alignées) ou l'arrêt de la faim dans la Monde (avec les OGM). Les "rambos" de la gestion aiment les solutions radicales et totalitaires. Tous nos déchets seront brûlés sans aucun regard pour ce que l'on a produit ou consommé. Pour aller plus loin, l'introduction des cultures transgéniques dans notre vie courante représenterait-t-elle la gestion parfaite ou le comble du capitalisme, c'est à dire la stérilité ? La semence ne se reproduit plus par la Terre et ses éléments, elle s'achète. Les OGM symbolisent le rigoureux réglage de la sélection parfaite, mort de la variabilité génétique. Et pourtant la
richesse de la vie n'est ce pas sa biodiversité ? La vie et l'ADN sont des
phénomènes ondulatoires et de mise en résonnance. Ce n'est certes pas une gestion
parfaite et illusoire qui pourront en contrôler les effets. "L'ordre unitaire est en
réalité une organisation nullaire"(1). Les êtres vivants et la Terre sont
interdépendants. Il faut parfois peu de choses pour déséquilibrer cet écosystème,
comme un souffle de vent... Et celui-ci n'est pas marchandable. (Lisbeth
Berger, coordonatric
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