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Par précaution, l'arrivée dans nos assiettes de plantes et d'animaux génétiquement modifiés doit être suspendue et faire l'objet d'un vrai débat public. Entre banalisation et diabolisation, construire le débat (Pas d'ascenseur!) Les avancées des applications de la
recherche en génétique sont si rapides que la société en perd à la fois le sens et le
contrôle. Les controverses autour des OGM sont extrêmement vives dans le public comme
parmi les scientifiques. Entre la banalisation d'un événement extraordinaire et la
diabolisation de technologies porteuses d'espoir ( ?), il existe un espace pour
un véritable débat de société. Pour un nombre croissant d'organisations de la
société civile et de gouvernements, les fortes présomptions sur les risques causés par
la dissémination des OGM en agriculture devrait conduire à mettre en oeuvre
immédiatement le principe de précaution. Le principe de précaution traduit une attitude
de prudence et d'abstention dans un contexyte marqué par l'incertitude
scientifique et l'éventualité de dommages graves et irréversibles. L'appel à
un moratoire total sur la commercialisation et la dissémination des OGM doit se
généraliser afin que puisse s'organiser de manière sereine un débat rassemblant
tous les acteurs de la société. Objectif : permettre l'élaboration d'un
cadre réglementaire plus adapté. Les citoyens ne peuvent laisser aux scientifiques et
aux pouvoirs publics la seule responsabilitré d'orchestrer la discussion au risque
de voir éluder les vraies questions La ferme de Frankenstein Par précaution, l'arrivée dans nos assiettes de plantes et d'animaux génétiquement modifiés doit être suspendue et faire l'objet d'un vrai débat public. Oui, la science est porteuse d'espoir. Oui, la connaissance de notre patrimoine génétique nous aide à comprendre le fonctionnement du vivant. Oui, la manipulation de ces gènes peut, en théorie, permettre aux Hommes de mieux se guérir et de mieux se nourrir( ?). Mais tout ce qui est génétique n'est pas pour autant synonyme de progrès. Les citoyens ont le droit d'abord d'être informés, ensuite de prendre le temps de débattre puis enfin d'accepter ou de refuser ce qui sort des laboratoires de recherche. Surtout quand il est question d'organismes génétiquement modifiés. Dans leur forme actuelle, les OGM présentent en effet des risques réels pour l'environnement, la santé et la démocratie. Il est temps d'ouvrir le débat de fond sur la ferme des nouveaux Frankenstein! Plantes, animaux ou micro-organismes artificiellement manipulés, les OGM ne sont pas des organismes vivants comme les autres. Car s'ils sont vivants, ils ont - comme la créature de Frankenstein!- été inventés et créés par l'Homme. Les OGM sont de nature industrielle et bouleversent à la fois les règles fondamentales de la biologie et du droit. Un bouleversement dont les entreprises de biotechnologie et certains scientifiques aimeraient minimiser la portée mais qu'il ne faut, au contraire, absolument pas banaliser.
Une technologie puissante complètement maîtrisée ? Le génie génétique est l'ensemble des techniques de biologie moléculaire qui portent sur le matériel héréditaire. Ces techniques permettent d'identifier un gène dans la molécule dADN, de l'isoler, de le transférer d'un organisme à un autre, ou encore de le modifier. La précision des techniques moléculaires ne doit pas être surestimée. Tout n'est pas sous contrôle dans les laboratoires. Les morceaux d'ADN transférés ne contiennent pas seulement le gène cible, appelé également gène d'intérêt, mais aussi des gènes marqueurs, de l'ADN non caractérisé (ADN "poubelle"). De plus, le lieu d'intégration du transgène dans le génome hôte est aléatoire. Résultat : Ia capacité de nuisance à moyen terme de nouveaux organismes et la stabilité du gène dans le processus dévolution restent inconnue. Les transferts artificiels de gènes transgressent les barrières entre les espèces. La sélection génétique a toujours existé. Depuis la nuit des temps, les agriculteurs croisent des variétés pour en obtenir de nouvelles, plus performantes. Tel est également le but poursuivi par les entreprises de biotechnologie qui créent les OGM. Mais Ia différence - et elle est de taille - vient de ce que la transgénèse permet de transgresser les barrières entre les espèces. Alors que les paysans ne pouvaient - et ne pourront jamais - croiser naturellement une plante avec un animal, les généticiens peuvent, eux, introduire un gène animal ou humain dans une tomate ou un lapin. Les implications sur l'évolution de Ia diversité biologique et sur les équilibres entre les espèces (dont l'espèce humaine) de cette révolution biotechnologique sont complètement imprévisibles. LE VIVANT SOUS CONTROLE D'UN MONOPOLE INDUSTRIEL ?
Les variétés transgéniques mettent les agriculteurs sous dépendance Le brevetage des plantes transgéniques sonne le glas de l'indépendance des agriculteurs. Les paysans qui utilisent des variétés brevetées perdent en effet le droit de conserver une partie de leur récolte pour s'en servir comme semence l'année suivante. Le brevetage oblige donc l'ogriculteur à acheter choque année de nouvelles semences. Et pour empêcher tout risque de fraude, les multinationales étudient aujourd'hui Ia mise sur le marché de variétés génétiquement modifiées pour donner des semences stériles. Les procédés techniques - dits procédés "Terminator" - ont déjà été breveté, ils sont toujours en cours d'expérimentation. Un enjeu de taille : le contrôle du vivant et de l'alimentation Accepter le brevetage des plantes ou des animaux transgéniques revient à accepter Ia mise en place de droits exclusifs sur une espèce vivante. Le danger de monopolisation est d'autant plus grand que seule une poignée de multinationales défient Ia totalité du marché des semences génétiquement modifiées. Ces géants de l'agro-chimie contrôlaient déjà le marché des pesticides, insecticides et autres herbicides. La diversification de leurs activités tend donc à une plus grande intégration des filières et à un contrôle accru de toute Ia chaîne alimentaire depuis le champ de l'agriculteur jusqu'à l'assiette du consommateur. TRIPLE MENACE SUR L'ENVIRONNEMENT, LA SANTE ET LA SECURITE ALIMENTAIRE ?
On ne maîtrise pas tout dans la nature. Et
certainement pas les flux naturels Risques sanitaires La mise sur le marché de plantes tolérantes aux herbicides est une aubaine pour les fabricants de produits chimiques qui sont également les producteurs de ces plantes transgéniques (ce qui n'est évidemment pas une coïncidence. Mais ce n'est certainement pas une aubaine pour le consommateur qui voit arriver dans son assiette des produits ayant été soumis à des traitements intensifs. Une partie des scientifiques s'inquiète également d'une possible flambée allergique dans les années à venir avec l'introducfion dans notre alimentation de produits transgéniques contenant de nouvelles protéines. D'autres craignent que les OGM amplifient le phénomène de résistance aux antibiotiques que l'on observe en milieu hospitalier. Un grand nombre de plantes transgéniques cultivées aujourd'hui contiennent en effet un gène marqueur de résistance aux antibiotiques, introduit pour faciliter Ia moanipulation génétique, qui est au centre d'une controverse quant à ses effets à long terme. Risques sur la sécurité alimentaire Les cultures, elles aussi, se mondialisent. Il y a quelques dizaines d'années, les agriculteurs de chaque pays, voire de chaque région ou de chaque terroir, cultivaient leurs propres variétés, fruit d'un long travail de sélection. Aujourd'hui, l'heure est à l'uniformisofion. L'intensification des méthodes agricoles amène les paysans à adopter les mêmes variétés "industrielles" ou à quitter la terre. Résultat : la diversité des plantes cultivées a fortement diminué, les sols se sont appauvris et les paysans pauvres se sont exilés vers les villes. Le développement des OGM va accentuer cette tendance. Avec tous les dangers que cela comporte : une plus grande dépendance des agriculteurs vis à vis de leurs fournisseurs mois aussi une moins grande résistance de ces monocultures aux maladies et aux ravageurs. UNE FILIERE TRANSPARENTE ? Transparente, la filière OGM ? Pas vraiment Le déficit d'information du public sur ces nouvelles techniques et la facon dont elles sont contrôlées -et évaluées, donne l'impression d'une opacité entretenue. Le besoin de transparence est d'autant plus légitime qu'elle seule permet au public de participer au débat démocratique. Pourtant, aujourd'hui encore, on est loin de cette transparence. Difficile par exemple de savoir où sont cultivées les parcelles de plantes transgéniques. Difficile également de connaître - et c'est peut-être là le point le plus important pour les consommateurs - les produits qui contiennent des OGM. D'abord parce que la réglementation sur l'étiquetage n'est pas assez rigoureuse. Mais aussi parce que les limites techniques de la traçabilité n'offrent pas une totale garantie de sécurité sur l'absence d'OGM. L'heure où le consommateur pourra librement choisir des aliments garantis sans OGM n'est pas encore arrivée. |
Version avec frames - - Jardin OGM : La guerre du troisième millénaire -
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