Impossible d'établir un lien
vers ce bel article qui a été supprimé de la base de données internet du
journal Le Monde. Devant l'urgence de la situation planétaire, nous avons
pris la liberté de le publier dans son intégralité afin que chaque
internaute puisse prendre connaissance du terrible constat établi par le
lumineux Hubert Reeves.
Sommaire de la page:
Environnement
: agir vite (31 août 2003)
Hubert
Reeves, écolo planétaire. Présentation de son livre "Mal de Terre"
(29 mai 2003)
En
savoir plus sur Hubert Reeves
Autres pages :
Pourquoi
sauver la biodiversité sur la planète? de Hubert Reeves
Trois questions à Hubert Reeves
Hubert Reeves
et l'avenir des terriens
Hubert
Reeves : Société de consommation et environnement

*
Hubert Reeves n'est pas membre de notre association.
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Force est de constater les énormes menaces qui
pèsent aujourd'hui sur
l'avenir de la vie sur notre planète. Au train (d'enfer !) où va le
délabrement de la Terre depuis quelques décennies - déforestations,
désertification, stérilisations des terres, réchauffement de la planète,
épuisement des ressources naturelles, empoisonnement des nappes
phréatiques, taux effarant d'extinction des espèces vivantes,
paupérisation
accrue d'une large fraction de l'humanité -, personne ne peut dire si
notre
planète sera encore habitable à la fin de ce siècle et dans quelles
conditions
vivront
nos petits-enfants en 2050.
Tous les clignotants sont au rouge vif.
Tout va se jouer dans les décennies qui viennent, et dépend de décisions à
prendre de toute urgence. Nous sommes engagés dans une gigantesque
expérimentation sur l'état de la vie de notre planète, qui risque de réduire
à néant le merveilleux résultat de plusieurs milliards d'années d'évolution
cosmique. Nous en observons déjà de nombreux effets désastreux, et nous
surveillons avec anxiété et même angoisse ceux qui vont suivre. C'est que,
contrairement aux scientifiques expérimentateurs, qui peuvent se débarrasser
de leurs éprouvettes quand elles s'enflamment, nous sommes, nous, dans
l'éprouvette avec nos enfants et nos petits-enfants.
Cette situation fait porter sur nos futurs députés et nos futurs
gouvernements les plus lourdes responsabilités. Jamais les élus des
générations précédentes n'eurent à en assumer de telles.
Pour les élections à venir, les citoyens de France doivent trouver dans les
programmes que les candidats vont leur proposer des avancées à la mesure de
cette situation dramatique.
Les pistes sont nombreuses :
- Il faut accomplir un effort massif de développement des énergies
renouvelables, avec de grands investissements de l'Etat. Aujourd'hui en
France, le développement des énergies renouvelables est dix fois plus faible
que celui du développement de l'énergie nucléaire, dont on connaît les
risques et les limitations. Il faut aussi décider un accroissement énorme de
l'aide (réelle...) aux pays pauvres pour diminuer l'écart toujours croissant
entre les plus démunis et les plus nantis (nous...), source toujours
croissante d'insécurité et de terrorisme.
- Il faut promouvoir la réalisation des projets environnementaux, tels que
Natura 2000, visant à créer une quantité accrue de zones protégées.
- Il faut favoriser l'excellent travail des mouvements de protection de
l'environnement tels que France Nature Environnement et ses associations
membres, la Fondation Nicolas Hulot et bien d'autres.
- Il faut développer l'agriculture bio, plus respectueuse du sol, de la
santé publique, et dont les fondements sont transposables partout.
- Il faut encourager une diminution considérable, au niveau des familles,
des dépenses en énergie, avec la poursuite accélérée du développement des
voitures à basse consommation d'essence, du ferroutage et des transports en
communs.
- Il faut promouvoir, au niveau des écoles élémentaires, un enseignement qui
incorpore une connaissance de la nature, de l'écologie et du respect du
vivant dans sa diversité, puisque le sort de l'humanité est intimement lié à
celui des autres espèces.
- Il faut encourager une recherche scientifique dirigée vers les problèmes
écologiques, avec des moyens accrus et une indépendance garantie.
Bref, il est urgent de mettre au cour de nos préoccupations, en France et
partout, l'avènement d'une politique permettant la durabilité des conditions
de vie sur la Terre. Il faut viser à promouvoir une évolution des sociétés
humaines qui les rendent totalement conscientes de leurs responsabilités
planétaires.
Hubert Reeves est astrophysicien, président de la Ligue pour la préservation
de la faune sauvage.
Sommaire de
la page
Hubert
Reeves,
écolo planétaire
LE
MONDE DES LIVRES | 29.05.03 |
L'astrophysicien pour un "droit d'ingérence écologique"
MAL DE TERRE de Hubert Reeves, entretien avec Frédéric Lenoir.
Seuil, 260 p., 20 € . HISTOIRE DU CLIMAT de Pascal Acot. Ed. Perrin,
309 p., 20 €.
Astrophysicien par passion, "habitant de la Terre" par
obligation et "citoyen du monde" par conviction, Hubert
Reeves a détourné, depuis quelque temps, son regard des
émerveillements du cosmos pour jeter un oeil sur l'état de notre
planète. Le constat est sombre.
Dans Mal de Terre,il détaille, dans une longue
conversation avec le sociologue Frédéric Lenoir, les tares qui
défigurent désormais notre environnement. Réchauffement climatique,
gâchisénergétique, pollution, atteinte à la biodiversité : la
plupart des thèmes chers aux écologistes y sont abordés. Par ses
bévues, prévient-il, l'homme est en train de faire entrer la planète
dans une nouvelle période d'extinction, la sixième, qui pourrait
bien l'emporter lui-même.
L'auteur s'insurge contre la faim, le sous-développement et les
injustices, tout en réfutant la fatalité, estimant, dans les pas
d'Edgar Morin et d'autres, que l'écologie n'est pas seulement une
aspiration à la préservation de la nature, mais aussi une manière de
combattre les inégalités d'un monde artificiel. Il emprunte à Paul
Ricoeur la conviction que la responsabilité ne se décline pas
seulement par rapport au passé, mais également par rapport au futur.
Enfin, au-delà de ses pessimismes, l'auteur garde foi dans
l'intelligence et en appelle à un "droit d'ingérence écologique".
UN TALENT DE VULGARISATEUR
Dans ce Mal de Terre, les spécialistes ne verront
peut-être que du déjà-vu. Les autres retrouveront avec plaisir cet
enthousiasme, cette joie de la culture et ce talent pour vulgariser
et ordonner la connaissance. Le principe de précaution, un des
pivots complexes de la pensée écologique, devient ainsi limpide, une
fois expliqué par l'astrophysicien. Les rapports trapus des
scientifiques de l'ONU sur le réchauffement climatique s'éclairent
également.
Depuis les disparitions de René Dumont, de Théodore Monod et de
Jacques-Yves Cousteau, Hubert Reeves, comme Nicolas Hulot, tente de
reprendre leur entreprise d'éducation et d'alerte du plus grand
nombre. Il accepte d'assumer la prise de risques que comportent
toute tentative de simplification, tout usage d'images ou de
comparaisons.
Plus sec, plus pointu, plus surprenant aussi, Histoire du
climat, de Pascal Acot, arrive à la même conclusion qu'Hubert
Reeves. "Les êtres humains compromettent désormais les conditions
dans lesquelles les générations futures pourraient être appelées à
vivre", écrit-il. Cet historien des sciences, déjà auteur d'une
Histoire de l'écologie remarquée, décrit les hauts et les bas
du thermomètre depuis les quelque 4,6 milliards d'années d'existence
de la Terre. Il relate les incidences de ces sautes de température
et d'humeur de notre planète sur le développement de la vie et
raconte comment l'homme s'est adapté à ce yo-yo, avant d'essayer
aujourd'hui d'en comprendre les raisons.
Au terme d'un impressionnant travail d'érudition, l'historien
s'engage dans sa conclusion. "Nous savons que les sociétés
humaines sont susceptibles de provoquer des modifications
dramatiques du climat de la Terre", assure-t-il, en dénonçant
également l'apathie générale devant ce défi. Mais comme Hubert
Reeves, le sociologue veut encore croire en l'avenir et "parier
qu'il n'est pas trop tard" pour agir.
Benoît Hopquin
Merci à buissonmc "buissonmc(at)free.fr" Sommaire de la page |
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