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octobre 2009 :
Le
soja GM détruit l'Amérique du Sud et cherche à encaisser des
"Crédits Carbone" ! Quel rôle jouent certaines ONG ? Depuis des
années, les lobbies de l'agrobusiness s'activent dans les coulisses
des négociations sur le climat !
Alors que la quinzième Conférence des Parties (COP 15) sur les
Climats, organisée par les Nations Unies à Copenhague, approche, un
nouvel accord doit être signé pour la période post-2012. Il est de
plus en plus évident que l'agrobusiness essaye de tirer profit de
l'énorme marché des crédits carbone. Sous le terme d' « agriculture
de conservation », Monsanto et ses autres alliés des biotechnologies
ont infiltré la FAO (l'Organisation pour l'Agriculture et
l'Alimentation) et la Convention Cadre sur les Changements
Climatiques des Nations Unies (UNFCCC) dans le but d'obtenir des
crédits carbone pour l'agrobusiness.
La certification volontaire
pour le soja Roundup Ready « responsable » sponsorisé par le WWF et
une nouvelle méthodologie pour les Mécanismes de Développement
Propre [1] sont deux étapes importantes pour accéder à ce marché de
trois milliards de dollars.
Article de Javier Rulli
Les propositions d'inclure l'agriculture dans les mécanismes de
compensation du carbone s'appuyent essentiellement sur les
changements de méthodes de labourage et la réduction des émissions
de méthane et d'oxyde nitreux. Toutes ces méthodes sont regroupées
sous le concept général d' « agriculture de conservation » qui se
base sur trois principes : perturbation minimale et couverture
permanente du sol, plus rotation des cultures.
C'est avec le
consentement explicite de la FAO et de l'UNFCCC, que l'on retrouve
sous le nom d' « agriculture de conservation », des méthodes
culturales très différentes les unes des autres. En fait, ce label
recouvre toute une série de systèmes allant de l'agriculture
biologique jusqu'à l'agriculture industrielle des OGM avec « semis
direct » (No-till en anglais ou « sans labourage ») . Ce label leur
permet d'être certifiées comme durables et de prétendre ainsi à
l'obtention de crédits carbone.
Le « semis direct » est une technique qui permet de ne pas labourer,
ni de creuser le sol. Les graines sont semées en rayon. D'une façon
générale, le semis direct est considéré comme une pratique favorable
à l'environnement, qui accroît le taux de matière organique dans le
sol et réduit son érosion. Par contre, dans le cas des monocultures
industrielles de soja Roundup Ready, une partie de cette technique
est utilisée en conjonction avec d'autres pratiques très
préjudiciables pour l'environnement.
En fait, des crédits carbone pour le « semis direct »
représenteraient un soutien économique massif pour les monocultures
de soja modifié génétiquement (GM) en Amériques du Nord et du Sud et
soutiendraient la promotion de ce type d'agrobusiness dans d'autres
régions de l'hémisphère Sud.
Les monocultures de soja GM sont un modèle de production qui n'est
en aucune façon durable. En Amérique du Sud, la production de soja
de ce type est un des principaux facteurs de la déforestation, du
changement d'affectation des sols, de la destruction de la
biodiversité et des violations des droits humains. De plus, ces
plantations sont à la base de l'industrie des aliments pour animaux
qui est aussi une des principales causes des changements
climatiques.
Le fait de labelliser cette agriculture comme « durable
», simplement parce qu'elle implique moins de labourage, c'est
tomber dans un réductionnisme absurde et aveugle. Le rapport «
Agriculture et changements climatiques : problèmes réels et fausses
solutions », publié en 2009, présente les principales propositions
concernant l'agriculture, pour un accord sur le climat post-2012. On
y trouve un panorama d'informations sur l'impact réel qu'ont sur les
climats, les pratiques agricoles actuelles et celles proposées pour
l'accord après-Kyoto. Dans cet article, cependant, nous voulons nous
concentrer spécifiquement sur quelques cas concernant les
monocultures de soja.
Soja GM : contrôle chimique des mauvaises herbes et « semis direct »
En Amérique du Sud, 41 millions d'hectares sont cultivés en soja.
Une proportion croissante de cette culture utilise des semences
modifiées génétiquement, les sojas Roundup Ready (RR) sous brevet
Monsanto. L'Argentine, le Brésil et le Paraguay sont en tête de
liste des 7 pays produisant du soja GM dans le monde.
Aujourd'hui, la méthode la plus utilisée avec le soja Roundup Ready
est la technique du « semis direct ». Cette technique combinée à la
tolérance à un herbicide conférée par transgénèse, a rendu possible
l'expansion et l'intensification de la production, tout en réduisant
les couts de main d'oeuvre. La culture a pu être étendue à des sols
sur lesquels il n'était pas possible de produire auparavant.
Pour l'agrobusiness, l'utilisation combinée des sojas GM et du «
semis direct » est un succès économique. Lorsque le glyphosate est
répandu sur les monocultures de soja, toutes les plantes meurent
sauf le soja GM, ce qui simplifie beaucoup le travail lié au
contrôle des mauvaises herbes. Le désherbage mécanique (avec
l'utilisation de charrue) est remplacé par le désherbage chimique.
Par contre, le « semis direct » rend indispensable l'utilisation
d'herbicides pour désherber : en fait la meilleure façon de désigner
cette méthode agricole devrait être « semis direct chimique ».
L'association des monocultures de soja RR et du semis direct ont
entraîné une augmentation exponentielle des volumes globaux de
pesticides utilisés ainsi que des millions de dollars de profit pour
les industries des semences et de la chimie. L'échelle de production
est passée à des monocultures de milliers d'hectares, nécessitant un
minimum de main-d'oeuvre (2 personnes pour 1000 hectares), la
gestion des mauvaises herbes ne reposant plus que sur des machines
et des avions pour épandre les pesticides.
L'expansion du soja RR provoque une contamination massive, du fait
de l'utilisation intensive des pesticides. Elle provoque une perte
de biodiversité importante, mais, dans des pays comme l'Argentine ou
le Paraguay, les habitants doivent vivre aussi dans des conditions
de « guerre chimique ». Des études menées dans ces deux pays
montrent que, dans les zones de production du soja, les taux de
malformation sont plus élevés.
L'agrobusiness pousse pour faire labelliser le « semis-direct »
Selon le dernier communiqué du "Grupo de Reflexión Rural", intitulé
« Crédits carbone pour les système de semis direct et de monoculture
de soja », l'AAPRESID - l'association des agriculteurs argentins
pratiquant le semis direct - a avancé la possibilité d'inclure le
semis direct dans les Mécanismes de Développement Propre. C'était
lors d'une réunion qui a eu lieu en 2005 entre le ministre de
l'Environnement, Atilio Savino, le responsable du bureau argentin
des Mécanismes de Dévelopement Propre, Hernan Carlino et les
représentant des principaux producteurs de soja et de l'industrie.
L'AAPRESID est une des principales plateformes d'agrobusiness et fut
fondée en 1998 sous le contrôle de Monsanto. Parmi les autres
membres, on compte BASF, Syngenta, Bayer, Dow et de nombreuses
autres entreprises importantes.
Le lobbying de l'AAPRESID pour obtenir des subventions « climat »
n'est pas surprenant puisqu'actuellement en Argentine, près de 17
millions d'hectares sont cultivés avec du soja GM en semis direct,
ce qui représente 20% de la surface mondiale. L'Argentine joue un
rôle clé sur la scène internationale, lorsque les thèmes
biotechnologies et agrobusiness sont abordés.
C'est Lorenzatti, le coordonateur général de l'AAPRESID qui a
commencé à développer l'idée d'une certification environnementale,
basée sur les systèmes agricoles avec semis direct. Depuis lors,
l'AAPRESID a poussé activement en faveur de ce projet, lors
d'événements liés à la FAO, comme le « Congrès International de
l'Agriculture de Conservation », en y présentant le « Miracle du
semis direct en Argentine », sans bien sûr mentionner ni le soja, ni
les OGM, ni les pesticides et encore moins l'étendue des dégâts
sociaux et environnementaux que les monocultures de soja ont infligé
à la région.
C'est sous sa présidence en 2008, que l'AAPRESID a
officiellement lancé le nouveau programme d'Agriculture Certifiée
(AC) qui, selon elle, est conçu pour « améliorer la gestion des
exploitations et optimiser l'efficacité des ressources utilisées ».
Le programme est un protocole pour l'Agriculture Certifiée, basé sur
un système de « Bonnes Pratiques Agricoles ». Le protocole est la
première étape d'une série de « Services Environnementaux » auxquels
les producteurs de soja peuvent participer. Pour l'instant, ce
programme se concentre sur l'Argentine, mais a vocation à devenir un
fournisseur mondial de services. Par l'intermédiaire du label AC
(Agriculture Certifiée), l'AAPRESID développe une entreprise de
certification qui pourra, dans le futur, avoir qualité de contrôleur
national pour les Mécanismes de Développement Propre.
Le lobbying de l'AAPRESID et de son entreprise « Agriculture
Certifiée » est intense au niveau international, comme, par exemple,
lors de la conférence de l'Union européenne, intitulée « Changements
climatiques : le sol peut-il faire la différence ? ». Cette
conférence avait lieu à Bruxelles, en juin 2008, et était organisée
par Mr Stravos Dimas, commissaire à l'Environnement, et Mr Luc
Gnacadja, secrétaire général, aux Nations Unies, de la Convention
pour la lutte contre la Désertification
En 2007, Carlino devint le président du comité exécutif des
Mécanismes de Développement Propre (MDP) jusqu'en 2008. Il n'oublia
pas les orientations de l'AAPRESID et ce fut durant la 13ème
Conférence des Parties (COP13) à Bali que les crédits carbone pour
le semis direct furent mentionnés pour la première fois. En plus,
durant son mandat en 2007, la première méthodologie à petite échelle
pour ces MDP fut approuvée et incluait la production de soja. Le
projet consistait à inoculer aux semences de soja des bactéries
fixant l'azote, afin de diminuer l'apport en engrais. Ce projet
était développé par Becker Underwood. Les premières mesures allant
vers une certification des monocultures de soja étaient prises.
Par inoculation, on entend l'insertion artificielle de la bactérie
Rhizobia dans la semence. Les Rhizobia sont des bactéries du sol qui
fixent l'azote de l'atmosphère, après s'être établies à l'intérieur
des nodules racinaires des légumineuses (fabacées). De cette façon,
les légumineuses enrichissent le sol après la récolte, d'importantes
quantités d'azote restant dans le sol, disponibles pour la culture
suivante. Comme le soja n'est pas une espèce originaire d'Amérique
du Sud, les semences doivent être traitées artificiellement avec la
bactérie afin de fixer l'azote. L'azote est l'élément nutritif le
plus commun dans de nombreux sols et est généralement fourni par les
engrais.
L'utilisation d'engrais a cependant des conséquences
environnementales graves.
Toujours en 2007, Monsanto rejoint la Bourse des Changements
Climatiques (Climate Change Exchange ou CCX). Il s'agit du seul
programme volontaire nord-américain, avec des réductions des
émissions de gaz à effet de serre, légalement contraignantes, et qui
procède à l'enregistrement et à la commercialisation. D'après Carbon
Trade Watch, cette compagnie est une des bourses d'échanges les plus
influentes dans le monde. CCX a été développée par 28 grandes
entreprises comme Ford, DuPont ou BP Amoco. Monsanto n'a pas pour
but de gagner des crédits carbone en entrant sur le marché. Son
principal objectif est de développer « des produits qui aident les
agriculteurs à pratiquer le labourage de conservation et à augmenter
leurs rendements pour satisfaire les besoins croissants en
nourriture des humains et de l'élevage, tout en conservant ou même
en améliorant l'environnement ».
Monsanto a, dans ce but, établi une plateforme mondiale de
traitement des semences, passant deux accords séparés, l'un avec
Becker Underwood et l'autre avec Plant Health Care Inc, afin de
fournir des traitements brevetés de semences, pour le maïs, le soja
et le coton. Monsanto projette de proposer les traitements de
semences dès la saison 2009 et de traiter tous les sojas Roundup
Ready 2 Yield avec cette bactérie qui fixe l'azote. L'entreprise
projette aussi de travailler pour trouver une solution pour le
traitement de ses semences pour son coton Deltapine et son maïs
Smart Stax dans les années qui viennent.
La même année en octobre,
la FAO et le Centre d'Information sur les Technologies de
Conservation organisaient aux Etats-Unis, avec le support technique
de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques, une « Consultation sur l'Agriculture de Conservation
comme Compensation Carbone ». La discussion portait sur
l'intégration des activités agricoles dans le marché du carbone. Le
Centre d'Information sur les Technologies de Conservation est un
centre de recherches agricoles qui comprend parmi les membres de son
conseil, des acteurs de l'industrie comme Monsanto, John Deere,
l'ONG The Nature Conservancy, l'Institut des Engrais (Fertilizer
Institute), ou bien encore Syngenta et CropLife America.
Dans le rapport concluant la consultation, on peut trouver sous la
plume de Theodor Friedrich de la FAO et de Karen Scanlon du Centre
d'Information sur les Technologies de Conservation une
reconnaissance indirecte de l'agriculture intensive industrielle.
Même si elle ne mentionne pas directement les biotechnologies, on y
trouve en effet cette phrase : « Etant donné que de plus en plus de
personnes dépendent d'agriculteurs de moins en moins nombreux, il
est impératif que chaque exploitation, non seulement contribue à
l'approvisionnement mondial en nourriture, humaine et animale, en
fibre, en combustibles, mais encore qu'elle joue un rôle essentiel
en s'attaquant aux changements climatiques ».
Le document se termine
par un appel aux organisations agricoles, aux ONG environnementales,
aux banques internationales de développement et aux gouvernements
des pays pour « mobiliser leurs ressources dans le but d'influencer
la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques. Le but est qu'elle inclue l'agriculture de conservation
en tant qu'option viable dans la lutte contre les changements
climatiques et que celle-ci soit qualifiée pour les mécanismes du
marché du carbone dans les négociations post Kyoto ».
En 2008, le Congrès états-unien présentait une nouvelle loi Climat
qui, d'après un analyste du marché du carbone, était généralement
considérée comme « le déclenchement de la prochaine ruée
d'investissements pour faire passer le marché à la vitesse
supérieure ». La nouvelle loi Climat ouvre grand les portes pour les
compensations agriculture. Un avantage supplémentaire est que
l'organisme de régulation traditionnel, le Ministère de la
Protection de l'Environnement états-unien est maintenant remplacé
par le Ministère de l'Agriculture.
Si les conditions de la
Conférence des Partis pour signer l'accord post 2012 incluent
l'agriculture comme compensation carbone et suivent le modèle
états-unien, ce serait une bouée de secours financière pour
l'agrobusiness après la crise financière. Comme le notait le "Grupo
de Reflexión Rural" dans son communiqué, on s'attend à ce que « la
spéculation financière, qui est actuellement en crise, suite à la
débâcle des subprimes, se recycle par l'intermédiaire des Crédits
Carbone et des nouvelles opportunités qu'il va offrir ».
La première méthodologie des Mécanismes de Développement Propre
(MDP) : un cadeau à Becker et Monsanto
En juillet 2009, la Convention-Cadre des Nations Unies sur les
Changements Climatiques approuva finalement la première méthodologie
pour les MDP. Ce projet élimine l'utilisation des engrais sur les
légumineuses lors d'une rotation culturale légumineuse-herbe. La
méthodologie agricole s'appuie sur la technologie de fixation de
l'azote, brévetée par Becker.
Cette technologie fut développée par Amson Technology LC, une firme de consulting dans la réduction des
gaz à effet de serre et la durabilité, Becker Underwood Inc et
Perspectives GmbH, une société Point Carbon, fournisseur de
solutions de marché de réduction des gaz à effet de serre de grande
qualité. Un document préparatoire de la méthodologie montre que tout
le document est orienté vers la rotation soja-maïs et se base sur la
méthodologie développée précédemment dans les projets de Becker au
Brésil.
Le communiqué du "Grupo de Reflexión Rural" questionne le
caractère innovatif de cette méthodologie : « Qu'auraient à faire,
dans un futur proche, les producteurs de soja en Argentine pour
ajouter à leurs déjà énormes profits, les Crédits Carbone ? En fait
et de manière surprenante, rien de plus que ce qu'ils n'aient fait
depuis durant ces treize dernières années... ».
Est-ce que cette
nouvelle méthodologie des Mécanismes de Développement Propre va être
approuvée ? Un mois plus tard, Monsanto signait un accord en
Argentine, avec l'AAPRESID pour rejoindre le Système d'Agriculture
Certifiée.
D'après Bernardo Calvo, président de Monsanto pour les
Amériques Centrale et du Sud, cette démarche fait partie de
l'Engagement pour une Production Durable (Sustainable Production
Commitment) de Monsanto pour 2030, année où la compagnie projette de
doubler les rendements de production et de diminuer simultanément
l'utilisation des ressources naturelles.
Plateforme d'écoblanchiment
La Table Ronde sur le Soja Responsable (RTRS) est une large
coalition comprenant de grands groupes industriels et des groupes
environnementalistes comme le WWF. Depuis 2004, elle essaye de
développer une série de critères « durables » pour la production
intensive en monoculture du soja en Amérique du Sud. Les critères de
la Table Ronde n'excluent pas les OGM, ce qui n'a rien d'étonnant
puisque Monsanto et Syngenta l'ont rejoint en février 2009.
Ces
dernières années, le WWF a aussi fondé la Table Ronde sur l'Huile
Palme Durable (RTSO), l'Initiative pour une Meilleure Canne à Sucre
(BSI) et la Table Ronde sur les Biocarburants Durables (RTSB). Le
WWF joue un rôle clé en permettant aux plus grandes sociétés de
l'agrobusiness de se donner un semblant de responsabilité sociale et
environnementale et en leur permettant d'écoblanchir la production
de matières premières mondiales
(souligné par le traducteur).
Ces
initiatives ont aussi pour but de détourner, de fausser et
d'affaiblir les accords politiques internationaux. Les critiques
contre la Table Ronde pour le Soja Responsable sont largement
reprises au sein des mouvements sociaux et écologistes en Amérique
du Sud. Aucun de ces mouvements ne participe à cette Table Ronde.
Action au siège de WWF Pays-Bas
Le dompteur Monsanto fait danser le Panda WWF...
Début 2009, après
la 4ème Conférence de la Table Ronde sur le Soja Responsable, on
peut lire dans la déclaration de Campinas qu'un des premiers
objectifs en est la réduction des gaz à effet de serre. Les critères
de durabilité comprennent des directives sur les bilans carbone des
exploitations en liaison avec l'utilisation de combustible et la
qualité du sol (en tenant compte de l'agriculture de conservation,
la rotation des cultures et une fertilisation équilibrée). Les
critères de la RTRS ont servi de cadre pour les critères de l'
"Agriculture Certifiée" de l'AAPRESID. Et l'AAPRESID est aussi
membre de la... RTRS.
En juin 2009, un communiqué de presse de la RTRS, la Table Ronde sur
le Soja Responsable, mentionnait pour la première fois des crédits
carbone en liaison avec les forêts et la protection du sol. Pour
Jason Clay, l'expert agricole du soja qui dirige le travail du WWF
avec les marchés internationaux : « Le challenge maintenant est de
trouver les mécanismes pour récompenser les agriculteurs qui
protègent les forêts et les sols en leur permettant de vendre des
crédits carbone à côté de leur soja ».
Pour lui, « C'est une
situation gagnant-gagnant. Les forêts et les sols sont protégés, les
producteurs ont une source de revenus supplémentaire et les
grossistes et propriétaires de marques peuvent maintenant acheter du
soja responsable comme un moyen de diminuer leur empreinte carbone.
Cela change la nature même du soja et en fait un tout nouveau type
de produit »(Souligné par le traducteur). Auparavant, Clay avait
promu « la rotation culture intégrée x bétail avec Zéro labourage »
dans la région amazonienne comme un moyen de diminuer la
déforestation, mais récemment il a changé de discours et a commencé
à parler de crédit carbone.
Pour finir, le lobby des biotechnologies est prêt pour Copenhague et
il semble bien qu'il ait un ordre du jour proche de celui des grands
groupes environnementalistes. Dans un document récent de
l'association états-unienne de lobbying des biotechnologies, BIO, un
des objectifs surprenants était de chercher à collaborer avec le
WWF. D'autre points à aborder dans le nouveau traité sur le climat,
sont les menaces concernant les enjeux liés à la propriété
intellectuelle.
Quand aux avantages, il peut s'agir du potentiel
d'aides et de subventions pour les fournisseurs de biotechnologies
et des incitations gouvernementales pour le développement
international des biotechnologies. Les recommandations incluent
aussi, ce qui ne surprendra personne, une collaboration étroite avec
les Etats-Unis et les gouvernements amicaux. Avant que la 15 ème
Conférence des Parties ne se tienne, il y a encore beaucoup à
rechercher et révéler sur la course de l'agrobusiness pour accéder
au marché des crédits carbone.
Il est cependant urgent qu'un débat
critique commence aussi entre organisations et autres mouvements,
afin qu'une stratégie d'action et un message clairs, forts et sans
concession se dégage contre « l'offensive climatique » de
l'agrobusiness. En ce moment les slogans des mouvements sociaux
comme « La petite agriculture durable refroidit la terre »
pourraient s'avérer ne pas être suffisants pour contrer l'avance
massive de la machinerie de l'agrobusiness sur la scène des
changements climatiques. Il est nécessaire d'identifier et de
dénoncer les acteurs du lobby des multinationales comme Monsanto et
les autres entreprises de biotechnologies.
Mais il est aussi important de mettre en lumière le rôle que jouent
les grandes ONG environnementalistes, comme le WWF (Fond Mondial
pour la Nature), le TNC (The Nature conservancy), l'UICN (l'Union
Mondial pour la Nature) [2] dans ces processus multipartites sur la
Responsabilité Sociale des Entreprise et de renforcer leur rejet »
(Souligné par le traducteur).
[1] [Principe
du MDP : Un Etat ou une entreprise de l'Annexe I (pays développés)
investit dans un projet de réduction des émissions de gaz à effet
de serre (GES) dans un pays en voie de Développement (PED). En
échange des réductions constatées, un volume équivalent d'Unités
de Réductions d'Emissions Certifiées (UREC, Certified Emission
Reduction) lui est délivré. Cet investisseur pourra vendre ces
Unités sur le marché ou les déduire de ses obligations
internationales de réduction.
[2] Alors que pendant des années les associations se sont opposées
au projet inutile de l'A65 (Bordeaux-Pau), aujourd'hui le Conseil
Régional d'Aquitaine crée un "Fond carbone" pour compenser.
Compenser quoi ? La fonte de la banquise ? L'avancée des déserts ?
Toujours est-il, qu'il y a toujours une ONG écologiste pour donner
crédit à ces pantalonnades... Extrait du journal local : "Cette
manière de rembourser la « dette écologique » de l'autoroute a
suscité l'intérêt de l'Union internationale pour la conservation
de la nature (UICN). Une organisation qui regroupe des
gouvernements, des ONG et des experts bénévoles répartis dans 160
pays. Hier, Sebastian Winkler, son directeur général Europe, a
signé, en Béarn, une convention associant Eiffage au programme «
Compte à rebours 2010 » qui est destiné à lutter contre la perte
de la biodiversité dans le monde. Cette initiative découle du
sommet mondial sur le développement durable organisé en 2002 à
Johannesburg. " L'UICN n'en sort vraiment pas grandie !
Source : Javier Rulli pour "La soja mata", traduction Christian
Berdot, Les Amis de la Terre
http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article462